Tell Acharneh

Syrie | Principauté d'Antioche

Visites : 2006, 2007, 2008


Toponymes connus

  • Tell Acharneh
  • Tell Ibn Macher - Tell Ibn Mʿašar / تل ابن معشر Arabic Med.
  • Acharneh - ʿAšarna / العشرنة Arabic Contemp.
  • Tunip Antiq.

Description

Français

Histoire

Situé sur la rive droite de l’Oronte, là où le fleuve forme un large coude à quelques 16 km à l’Ouest de Sheïzar, le site de Tell Acharneh fut occupé dès l’âge de Bronze. C’est d’ailleurs à cet endroit, à la faveur de la fertile plaine du Ghâb, que fut très probablement implantée l’importante cité antique connue sous le nom de Tunip.

Pourtant, malgré cet illustre passé, Acharneh n’apparut que très brièvement dans l’histoire des Croisades, au tout début du XIIème, lors de la phase d’expansion des principautés latines nouvellement établies. A ce moment précis, les seigneurs Francs, hégémoniques, se projetaient au-delà de l’Oronte et tentaient de s’y implanter durablement, occupant ci les forteresses existantes, ou en élevant là de nouvelles.

C’est ainsi que débuta vers le mois de mai 1111, la construction d’une forteresse sur le Tell Acharneh, aussi connu dans les chroniques sous le nom de Tell Ibn Macher. Les travaux étaient conduits par l’intrépide prince d’Antioche, Tancrède de Hauteville, qui assiégeait alors, non loin de là et de l’autre côté du fleuve, la forteresse dite de La Vieille.

Cet infatigable guerrier, stratège hors pair, cherchait en effet à relier et conforter, une fois La Vieille prise et Acharné édifiée, sa lointaine possession d’Apamée aux ports de Gibel et Lattaquié sur le littoral par une route traversant le Djebel Bahra, le tout en accentuant sa pression sur la cité de Sheïzar.

Mais le temps lui manqua et d’autres combats l’appelèrent à suspendre l’édification de cette forteresse, la mort finissant par le prendre le 12 décembre 1112.

Finalement, il semble que le prince d’Antioche n’eut le temps que de jeter les fondations de la forteresse et d’y établir des salles basses où, d’après les chroniques, il déposa les récoltes de blé de la moisson de l’année, la plaine environnante étant déjà à l’époque très riche en culture vivrières.

Ni les seigneurs francs ni les seigneurs musulmans ne devaient poursuivre la réalisation de cet ouvrage important et le lieu retomba dans les oubliettes de l’histoire.

Description

Acharné est un tell double pelé sur lequel il est aujourd’hui impossible de distinguer une quelconque construction.

Le tell principal, qui est situé au Nord-Ouest et domine les berges de l’Oronte d’une cinquantaine de mètres, semble être le seul a avoir été occupé à l’époque médiévale. Il est l’un des plus grands de toute la vallée de l’Oronte.

Paul Deschamps, qui se rendit sur le site en 1936, devina les fondations d’un probable mur d’enceinte parcourant la crête du tell et commanda une photo d’avion qui le rassura sur son hypothèse. Cette prise de vue aérienne lui permit aussi de mettre en évidence les traces de fossés à la base du tell.

Entre 2004 et 2008, une mission archéologique canadienne a pu apporter des éléments nouveaux. Les fouilles ont ainsi révélé les fondations de l’enceinte médiévale et celle d’une tour. De plus, quelques fragments de murs en pierres de taille bien équarries, qui pourraient être les vestiges d’un bâtiment public – à fonction religieuse (église, chapelle) ou administratif – ont été dégagés.

A cela s’ajoute l’identification de plusieurs salles aux proportions modestes (une dizaine de mètres carrés), celle d’un four à cuisson et d’une fosse à déchets.

Malheureusement, les carrés de fouilles ont depuis été comblés et aucun de ces vestiges n’est plus visible.

Au début des années 1920, à l’époque du Mandat, les Français bâtirent un ensemble de bâtiments toujours en place, aux pieds du tell. Il s’agit d’une noria et d’un moulin, associés à un pont. C’est à l’occasion de ces travaux que fut découverte l’inscription qui permit d’identifier Acharneh avec l’antique Tunip.

L’observation de ces édifices, encore en très bon état de conservation, permet de reconnaitre de très probables remplois de moellons médiévaux qui durent être prélevés sur le tell.