Château de Baudouin

Israel | Royaume de Jerusalem


Toponymes connus

  • Château de Baudouin Med.
  • Qasr Bardawil - قصر برضَويل Arabic Med.
  • al-Bardawil Arabic

Description

Français

Histoire

Le “château de Baudouin”, traduction littérale du nom que lui donnèrent par la suite les habitants du pays – Qasr Bardawil – en souvenir du roi Baudouin Ier, est certainement l’un des témoins les plus discrets de l’audace incomparable des premiers seigneurs francs du tout jeune Royaume de Jérusalem.

Moins d’un an après la prise de la Ville Sainte, Godefroy de Bouillon et Tancrède menèrent sur la rive orientale du lac de Tibériade une opération de reconnaissance, ouvrant ainsi la voie à l’annexion de ce qui devait s’appeler par la suite la “Terre de Suète” ou Sawâd . Il fallut cependant attendre 1105 et l’appétit de conquète d’Hugue de Saint-Omer, seigneur de Tabarie, pour que les Francs se lancent dans la construction d’une importante forteresse, à une dizaine de kilomètres de la rive orientale du Lac et commandant la route de la Palestine à Damas par l’antique Pont de Judaire sur le Jourdain. L’emplacement choisi était hautement stratégique, car il contrôlait la principale route d’invasion des armées musulmanes depuis Damas : généralement rassemblées aux sources de Ras al-Ma’, celles-ci marchaient jusqu’à Khisfin et Fiq, sur le haut plateau du Golan avant de descendre dans la vallée de Puteiha ( al-Batiha ) qui les menait alors jusqu’aux rives est du lac de Tibériade. Bloquer cette importante voie permettait donc aux Francs de verrouiller l’accès à leurs terres, au-delà des frontières naturelles du Royaume de Jérusalem, tout en livrant le Golan aux incursions des armées latines.

Tughtekin, l’atabeg de Damas, vit d’ailleurs d’un très mauvais oeil cette tentative de pénétration chrétienne dans ce qui était l’un des greniers à blé de sa capitale : quelques mois après l’ouverture du chantier ( février-mars 1106 ), ce dernier, étant parvenu à se débarasser d’Hugue de Saint-Omer lors d’une escarmouche, résolut d’abattre la forteresse avant qu’elle fut entièrement terminée : il dirigea contre les Francs une attaque de nuit, et, bénéficiant de la surprise, les massacra jusqu’au dernier. Il fit ensuite démanteler les fortifications déjà réalisées, boutant les pierres de l’édifice dans les ravins bordant l’éperon. Cette réaction aussi rapide que soudaine des forces musulmanes mit fin aux prétentions franques sur les riches terres du plateau. La trop grande proximité de Damas et l’éloignement conséquent des bases solides du Royaume faisait de Qasr Bardawil une position trop difficile à défendre. Les Francs se replièrent donc par la suite derrière le Yarmouk, fortifiant la grotte d’al-Habis ( Habis Jaldak ) et passant des accords commerciaux avec Damas afin de partager les revenus de ces riches terres fertiles.

L’actualité des dernières dizaines d’années nous a une nouvelle fois montré l’incroyable rôle stratégique de cette position et l’enjeu symbolique que pouvait représenter sa possession.