Blanche Garde

Israel | Royaume de Jerusalem

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Toponymes connus

  • Blanche Garde Med.
  • Tell al-Safi - Tell al-Ṣāfī / تل الصافي Arabic
  • Tell Zafit - תל צפית Hebrew Contemp.
  • Blanca guarda
  • Alba specula
  • Gath Latin

Description

Français

Histoire

Durant les premières décennies du royaume de Jérusalem, la cité d’Ascalon était restée aux mains des Fâtimides d’Égypte et constituait un avant poste d’importance, duquel ces derniers pouvaient lancer des coups de mains vers les jeunes colonies franques. Afin de se prémunir contre ce danger potentiel, les rois de Jérusalem sécurisèrent progressivement la contrée environnant Ascalon au moyen de places fortes.

C’est ainsi que le roi Foulques entreprit en 1142 la construction d’une nouvelle forteresse (après Gibelin en 1136 et Ibelin en 1141) située à mi-chemin entre Ascalon et Jérusalem. Pour l’établir, le choix du monarque angevin se porta sur une butte dans les premiers contreforts du massif judéen alors connue sous le nom de Tell es-Safi. Les chroniqueurs des Croisades traduisirent ce nom par Mons Clarus, littéralement « Mont Clair », appellation sans doute liée à l’éclat de ses rochers crayeux. Cette éminence commandait le couloir du Wadi el-Sant (Vallée des Mimosas) et du Wadi al-Dahr (ancienne vallée de Térébinthes).

Le château sera connu dans les actes du royaume de Jérusalem sous le nom de Alba Specula , Alba Custodia et, le plus souvent, sous son nom français : Blanche Garde.

Aux dires des chroniques franques, la construction de cette fortification eut l’effet positif escompté sur la sécurité de la région ce qui favorisa l’installation durable d’une population rurale. La forteresse devint ainsi le cœur d’une seigneurie, jouant à la fois son rôle défensif, tout en assumant aussi d’autres fonctions : centre administratif et économique, centre de stockage, centre de collecte des impôts et taxes, base de l’organe de contrôle des populations alentours, des tribus nomades, des brigands, etc.

Blanche Garde resta, durant son développement économique, sous l’administration directe du roi de Jérusalem, jusqu’à ce qu’elle soit rattachée au comté de Jaffa, lorsque ce dernier fut attribué à Amaury (futur roi et frère de Baudouin III). Le château fut alors confié à un certain Arnulf.

Après la prise d’Ascalon en 1153, son rôle  militaire et stratégique s’amenuisa mais la colonie franque n’en resta pas moins attractive économiquement. En témoigne le fait que la seigneurie obtint , selon les Assises de Jérusalem, le droit de battre monnaie.

En 1166, Gauthier III Brisebarre, sire de Barut vendit son fief au Roi de Jérusalem afin de payer la rançon de sa mère retenue en otage par les Musulmans. Le roi, pour compenser cette grande perte, lui céda Blanche Garde. Dés lors, cette branche de la maison de Barut pris le nom « de la Blanche Garde ». 

Comme de nombreuses autres forteresses, Blanche Garde entra en possession de Saladin après le désastre de Hattin et fut démantelée au même titre que les défenses d’Ascalon, de Gadres, ou Jaffa pour contrer la reconquête du littoral palestinien, initiée par le roi Richard et les armées de la Troisième croisade. 

En décembre 1191, ce dernier manqua d’ailleurs d’être fait prisonnier dans une embuscade  tendue dans les environs proches de Blanche Garde. En avril de l’année suivante, il défit au même endroit une avant-garde ayyûbide, avant d’y séjourner les 7 et 8 juin 1192, dans le cadre de sa seconde marche sur Jérusalem. 

Aux termes du traité de septembre 1192 signé avec Saladin, la forteresse resta possession franque alors qu’Ascalon fut démantelée et abandonnée par les deux belligérants. La forteresse fut reprise par les Musulmans en 1244 dans des circonstances méconnues et fut de nouveau démantelée.

Le bourg castral fut, suite aux Croisades, constamment occupé jusqu’à l’expulsion de ses habitants en 1948. 

Description

Blanche Garde était située sur la partie sommitale du tell. La vue embrasse une vaste étendue, permettant d’apercevoir, lorsque les conditions sont particulièrement bonnes, Ramla et Latroun au nord, le massif judéen à l’est, le nord du Negev au sud et la plaine côtière à l’ouest. La ruine très avancée du château ne permet pas d’être précis quant à la forme qu’il pu prendre. D’après les quelques vestiges visibles, il semble qu’il ait consisté en un castrum simple de taille modeste, flanqué de quatre tours d’angle.

Il paraît envisageable que sa fonction première, vu sa situation et son nom, était celui d’une vigie, destinée à avertir les autres châteaux des alentours en cas d’alerte.

Seules les fondations de deux des tours du castrum affleurent toujours. L’une d’entre elle avait été transformée en mausolée au XIXème siècle, appelée Al-Khodr par les villageois.

Quelques gros moellons aux bossages de belle facture apparaissent ça et là.

Des travaux récents ont révélé l’existence d’une carrière franque, située à 300 m en deçà du château et de structures fortifiées au nord du tell à une distance de 50 mètres environ du cœur fortifié qui vient d’être évoqué. Cela peut laisser croire qu’une enceinte plus large a pu exister.