Qalaat Doubiye

Liban | Royaume de Jerusalem

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Toponymes connus

  • Qalaat Doubiye - Qalʿat Doubiyé Arabic
  • Qalaat Doubeih - قلعة دوبية Arabic
  • Qalaat Doubiyeh - Qalʿat Doubiyeh Arabic Contemp.
  • Noire Garde (?)

Description

Français

Histoire

« Nous quittâmes cette ville [Banias], dans l’aprés-midi du samedi, pour gagner le village de Masya, prés de Hûnîn, forteresse franque où nous passâmes la nuit. »

Peut-être est-ce là, sous la plume d’Ibn Jubayr, voyageur andalou qui parcourut l’Orient latin en 1183, que nous devrions nous résoudre à trouver la seule et unique référence à la forteresse franque qui défend, aujourd’hui encore, les environs proches du village libanais de Meiss al-Jebel .

Située sur l’ancienne route commerciale menant de Triple à Belinas, cette citadelle, aujourd’hui nommée Qalaa’t Doubiyé , couronne un escarpement dessiné par l’un des premiers méandres du Nahr al-Hasbany . La position n’est point forte et ne s’apparente nullement à celles, hautement stratégiques, choisies pour l’implantation des proches citadelles que sont le Toron et Chateauneuf. Ce positionnement modeste n’en diminue pas la force que le bâti encore en élévation semble refléter et qui dut être celle de cette seigneurie.

La citadelle, placée sur une route commerciale importante, fut probablement une halte tout autant qu’un point de péage pour les multiples caravanes qui, des décennies durant, passèrent d’un monde à l’autre, tantôt traversant le Jebel Hunin pour rejoindre la côte, tantôt s’enfonçant dans le continent pour atteindre le plateau syrien.

Notons qu’à proximité de la citadelle figure un lieu-dit dont on trouve une mention dans les chroniques latines sous le nom de Noire Garde – à proximité de la source d’ Aïn el-Belata – où les forces de Baudoin III de Jérusalem se réunirent pour observer la plaine de Bélinas assiégée par Nur al-Din en 1157. Il serait assez séduisant de voir en cet étrange vocable le nom franc de Qalaa’t Doubiyé.

Description

Les vestiges de la citadelle portent la marque de plusieurs bâtisseurs et tout porte à croire qu’une fois les Francs chassés de leurs terres, les Arabes réoccupèrent et agrandirent l’ouvrage de leurs prédécesseurs. Le noyau le plus ancien inciterait lui à penser que les parties fortifiées les plus anciennes datent de la première moitié du XIIème siècle, période ou la suprématie franque s’établit et si cette hypothèse était vérifiée, on pourrait dire que cette citadelle fut l’une de ces nombreuses seigneuries qui dépendaient probablement du Toron.

Aujourd’hui, l’ensemble dessine une vaste enceinte quadrangulaire flanquée de tours rectangulaires. La tour placée sur le front d’attaque est la plus importante. Les moellons grossiers qui composent la plupart des assises sont vraisemblablement attribuables aux Francs et la jointure avec les courtines laisse penser qu’elle dut être un ouvrage isolé à une certaine époque.

Un autre ouvrage remarquable est la tour-porte qui ouvre le front sud et qui est probablement d’origine arabe. La première porte est décorée de fausses boutisses, et l’assommoir, bien qu’éventré est encore clairement visible. La tour était défendue sur trois niveaux par des archères dont les niches sont finement réalisées et dont la facture se détache nettement de celle des ouvertures de la tour du front est.

Sur le front ouest, une étude approfondie serait nécessaire pour décrypter le sens que put avoir l’étrange composition semi-circulaire, percée d’archères en sifflets et dont la gorge ouvre sur une vaste salle portée par des piliers.

L’ensemble des autres vestiges est composé de courtines accostées de grandes salles généralement non voûtées. Il s’agit probablement là de l’œuvre des ottomans. On mentionnera aussi l’inhabituelle présence de nombreuses cheminées dans ces ouvrages tardifs.