Saphorie

Israel | Royaume de Jerusalem

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Toponymes connus

  • Saphorie - Ṣafūrīah / صفورية Arabic
  • Saforie, le
  • Séphorée
  • Sephoris Latin
  • Zippori - ציפורי‎‎ Hebrew Contemp.

Description

Français

Histoire

Le site fortifié de la Saphorie est surtout connu pour sa campagne environnante, couramment appelée « __ Les fontaines de Séphorie __ », situées à sept kilomètres au nord de Nazareth, et qui, en période de guerre contre le royaume de Damas, était le rendez vous ordinaire du faisceau des forces franques, « por estre aussi com en milieu de tout le roiaume, si que il poîssent tost corre là où il besoins sordi ». Le choix de ce point de ralliement était en effet assez heureux : situé à mi-chemin entre la côte et le lac de Tibériade, il permettait de surveiller toute la Galilée. Canton par ailleurs fertile et abondant en eaux, il était d’autant plus apprécié que les incursions sarrasines – très fréquentes à partir de la seconde moitié du XIIe siècle – avaient souvent lieu l’été, moment d’intense chaleur en ces contrées…

Ainsi, le roi Amaury de Jérusalem, à peine rentré d’une expédition punitive en Cilicie y réunit ses troupes durant l’été 1171 dans l’expectative d’une invasion de la Galilée par Nur al-Din, lequel renonça finalement à son projet.

Une décennie plus tard, le roi lépreux Baudouin IV et son armée vinrent s’établir aux alentours de Séphorie pour surveiller les mouvements de Saladin, qui devait envahir la Samarie et la Galilée en juillet 1182 et se retirer peu après, face à l’âpre résistance des troupes franques au Forbelet ( ‘ Afrabalâ ). Ces dernières allèrent se remettre de leur fatigue à Séphorie en attendant la suite des évènements.

Ce fut donc à la Séphorie que les troupes de Baudouin apprirent en août l’attaque brusquée de Saladin contre Beyrouth et l’invasion concomitante de la Philistie par la cavalerie égyptienne. Devant la résistance de la ville et l’arrivée rapide du roi de Jérusalem accompagné d’une l’escadre franque en provenance d’Acre, le Sultan se retira promptement, et Baudouin se retira de nouveau à Séphorie pour monter la garde contre toute nouvelle incursion.

Au cours de l’été suivant ( août 1183 ) Saladin présent à Damas menaçait de nouveau les frontières du royaume de Jérusalem et l’héroïque roi lépreux convoqua une nouvelle fois toutes les forces militaires franques aux fontaines de Séphorie. Ce fut à ce moment que, presque moribond et immobilisé sur sa couche par les derniers développements de sa maladie, Baudouin délégua à son beau frère Guy de Lusignan la « baylie » du royaume, choix malheureux s’il en est… A l’automne, les armées du Sultan envahirent finalement la Galilée par le Bessan , et l’ost franc quitta son poste de Séphorie pour faire face aux troupes ayyoubides aux fontaines de Tubanie. Devant le refus des Francs d’engager un combat par trop désavantageux, Saladin se retira à Damas le 14 octobre, tandis que les barons syriens regagnèrent Séphorie, délivrés, une fois de plus, de l’envahisseur sans combat.

L’échec de cette campagne, qualifiée à juste de titre de « Hattin qui aurait raté », ne se reproduisit pas en 1187. Le roi lépreux étant mort, les institutions monarchiques étaient livrées en pâture à la noblesse anarchique du royaume de Jérusalem, conduite par le pale Guy de Lusignan. Au printemps 1187, Saladin demanda à son ami et protégé Raymond de Tripoli le droit de passage sur ses terres galiléennes pour piller le territoire de Saint Jean d’Acre. Raymond, tiraillé entre son amitié pour Saladin et sa loyauté envers Guy de Lusignan crut s’en sortir par une demi mesure : il autorisa les avant-gardes sarrasines à effectuer une démonstration en terre franque à conditions qu’elles eussent regagnées leur territoire au coucher du soleil et qu’elles se contentassent de courir la campagne sans porter atteinte aux villes.

C’était sans compter l’hostilité des Templiers, conduits par leur Grand Maître Gérard de Ridefort, lequel s’empressa de convoquer les garnisons templières les plus proches pour barrer la route à la cavalerie ayyoubide. Les maigres cohortes templières rejoignirent l’armée musulmane à hauteur des Fontaine de Séphorie, plus exactement à quelques six kilomètres plus à l’Est à la fontaine dite du Cresson au sud de Kafr-Kenna , le Casal Robert des Francs. Au témoignage des chroniques, les troupes ayyoubides, après avoir accompli leur chevauchée en Galilée, venaient de rebrousser chemin pour rejoindre la Transjordanie et se ravitaillaient en eau à ladite fontaine.

Ce qui ne devait être qu’une razzia sans lendemains par l’habilité politique du prince de Galilée Raymond de Tripoli se transforma en une boucherie inutile du fait de l’extrémisme du Temple : les quelques cent cinquante Templiers chargèrent en effet impétueusement les sept mille guerriers ayyoubides et se firent tailler en pièce. Peu après ce massacre, les troupes du royaume se réunirent à leur habitude à Séphorie dans l’attente d’une invasion ayyoubide.

Bien vite, la nouvelle arriva que Saladin investissait Tibériade. En ces journées torrides de l’été palestinien, la sagesse aurait voulu que les troupes restent à Séphorie, site abondant en sources et pâturages, pour observer les mouvements de Saladin plutôt que d’organiser une marche sur Tabarie, obligeant l’armée à évoluer dans la zone de collines caillouteuses du Jebel Tûr’ân. Malgré l’abjuration de Raymond de Tripoli, qui déclara préférer perdre sa femme et sa ville plutôt que conduire l’armée entière à sa perte, le mauvais génie de l’époque, le Grand Maître Gérard de Ridefort, convainquit le roi de d’ordonner la marche. Le 3 juillet 1187, l’armée franque s’ébranla de Séphorie vers Tibériade, qu’elle n’atteindrait jamais…

Suite à cette funeste bataille d’Hattin, la Galilée fut conquise par les lieutenants de Saladin et le bourg de Séphorie, défendu par un fort de moyenne importance, dut se rendre faute de défenseurs.

La Séphorie ne fut plus dès lors qu’un point de passage pour les armées franques dans leurs entreprises de reconquêtes. Ainsi le roi Amaury II y passa au cours d’un rezzou mené jusqu’à Kefr Kennâ en 1204, tandis que le 7 décembre 1217, l’armée franque menée par le roi de Hongrie y bivouaqua après avoir levé le siège de la forteresse du Mont Thabor.

Séphorie et sa région fut par la suite rétrocédée par le sultan al-Kâmil à l’empereur Frédéric II.

En 1240, la croisade menée par le poète Thibault de Champagne vint à pied d’œuvre à Séphorie, avant de conclure une alliance défensive avec les Damasquins contre le Sultan d’Egypte.

Description

La tour maîtresse franque de la Saphorie se dresse au milieu des ruines de l’antique Zippori que les maçons du royaume latin utilisérent d’ailleurs trés largement comme carrière. Ainsi, parmi les blocs à bossage tabulé portant pour certains des marques lapidaires, on rencontre de nombreux matériaux de réemploi. Les traditionnelles mises en boutisse de tronçons de colonnes ne surprennent plus, tandis que l’incorporation de sarcophages entiers à la base des angles de l’ouvrage sont moins courants.

L’ensemble dessine une vaste tour rectangulaire qui devait compter au moins deux étages et présentant, à l’instar de nombreuses autres tours franques en Palestine, un escalier dans l’épaisseur des murs permetant de gagner les différents niveaux.

Une mauvaise réutilisation des vestiges au XVIIIème siécle commença de défigurer l’édifice. Les niches d’archères triples furent ouvertes en larges fenêtres et les parties supérieures largement remaniées. Au début du XXème siécle, une nouvelle restauration non-historique finit d’effacer la plus grande partie des traces médiévales de l’étage qui était encore en place.

Il est à noter qu’autour de la tour, les fragments d’une enceinte employant aussi du matériel antique, sont encore en place.