Savranda Kalesi

Turquie | Royaume d'Arménie en Cilicie

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Toponymes connus

  • Savranda Kalesi Turc Contemp.
  • Sarvandaw - Sarvantaw / Սարվանդաւ Armenian Med.
  • Sarvandik‘ar - Sarvantik‘ar / Սարվանդիքար Armenian Med.
  • Savouran Kale Turc Contemp.
  • Kaypak Kale Turc Contemp.
  • Servantikar
  • Sarovantari

Description

Français

Histoire

Pour passer de Cilicie en Syrie, seules deux routes étaient praticables à l’époque des Croisades: la première suivait le littoral, et empruntait les Pylae Ciliciae (la Portelle des Francs) puis les Pylae Syriae (le col de Belen, gardé par la forteresse de Gaston). La seconde passait à l’est de la Cilicie, par le col de Giaour Dagh et mènait directement à l’intérieur de la Syrie et en Mésopotamie. C’est précisément ce défilé que gardait juchée à 500 m sur un rocher, la citadelle de Servantikar.

Dernier maillon d’une chaîne de places fortes s’allongeant le long du fleuve Ceyhan (Yilanli Kale, Toprakkale…) et protégant les grandes villes de la plaine cilicienne, ce château de frontière, de part sa position stratégique, fut maintes fois disputé aux Francs d’Antioche par les Byzantins et surtout les Arméniens, à mesure que leur puissance dans la région s’affermissait.

Ainsi, en 1135, Leon Ier d’Arménie enleva Servantikar aux Francs, aprés avoir pris Tarse, Adana et Mamistra aux Byzantins. Le bouillant prince d’Antioche Raymond de Poitiers, devant ce casus belli , fit prisonnier le félon et récupéra, en échange de la liberté de son otage, Servantikar ainsi que les villes d’Adana et de Mamistra. Il semble néanmoins que la citadelle ait été reconquise entre temps par les Arméniens, puisqu’en 1185, Bohémond III d’Antioche, ayant capturé Roupen III d’Arménie – qui était venu se distraire à Antioche avec des femmes de mauvaise vie – exigea pour le libérer la reddition de Servantikar et de deux autres châteaux. Arriva l’année 1194 : Léon II, dit le magnifique , mit fin à la suzerainneté d’Antioche sur Servantikar qui rentra définitivement dans le giron de l’Etat chrétien de Petite Arménie. Dès lors, et consécutivement à la désagrégation progressive de la principauté d’Antioche, la citadelle fera office de verrou méridional du Royaume d’Arménie naissant contre les incursions musulmanes.

Les Arméniens seront écrasés une première fois près de Servantikar en août 1266, lorsque Baïbars, constatant l’alliance arméno-mongole en devenir, commanda à l’émir de Hama Malik al-Mansour d’envahir la Cilicie. En 1276, le connétable Sempad, seigneur de Servantikar, défit une armée mamelouke presque au même endroit. Mais 12 ans plus tard, les Mamelouks prirent leur revanche, s’emparant cette fois-ci de la place et voyant la route de Cilicie s’ouvrir à leurs armées. Finalement, en 1337, aprés une nouvelle invasion mamelouke, le roi d’Arménie, Leon V, décida, pour obtenir la paix, de céder aux Musulmans toute la contrée à l’est du fleuve Ceyhan, ainsi que 14 places fortes, dont Servantikar. Les forces chrétiennes ne devaient jamais la récupérer.

Une légende veut que lorsque Raymond de Saint Gilles – de retour de sa dramatique odyssée d’Anatolie – débarqua à Port Saint-Siméon en décembre 1101, le régent d’Antioche Tancréde, qui ne manquait pas de griefs contre lui, le fit enfermer à Servantikar pour quelques semaines, avant de le libérer sous la pression du clergé latin.