Safita

Syrie | Comté de Tripoli

Visites : 2002, 2006


Toponymes connus

  • Safita - Ṣāfītā / صافيتا Arabic
  • Chastel Blanc Med.
  • Castrum Album Latin Med.

Description

Français

Histoire

Safita, diminutif de burj Safita, signifie littéralement en arabe la « tour claire », ceci expliquant peut-être le nom que lui donnèrent les Croisés : Chastel-blanc. Il est vrai que ce fier donjon quadrangulaire – le plus imposant de toute la région – dominant de ses 380 mètres la trouée de Homs, irradie de la blancheur de ses pierres la campagne environnante.

Contrôlant dès 1112 les frontières septentrionales du Comté de Tripoli, le Chastel Blanc fut pris et ruiné en 1167 et 1171 par l’atabeg Nur al-Din, profitant de la captivité du comte de Tripoli Raymond III. L’ordre du Temple – dont il porte profondément l’empreinte, dans une région essentiellement dominée par l’ordre Hospitalier -, en reçut vraisemblablement la garde vers 1170 avec la charge de le reconstruire après un violent séisme. A nouveau très endommagé par un tremblement de terre en 1202, il fut enfin enlevé par le sultan Baïbars en février 1271, les 700 Templiers qui l’occupaient alors se retirant vers Tortose après en avoir reçu l’injonction par les dignitaires de l’Ordre. On prétend – probablement à tort – que Saint-Louis lui-même jugea la citadelle trop petite et y fit effectuer des travaux de fortification lors de sa visite de la côte syrienne.

Description

Le donjon, magnifique construction haute de 27 mètre de haut, est composé de deux étages surmontés d’une terrasse crénelée : le premier renferme une chapelle voûtée en berceau (aujourd’hui lieu de culte grec orthodoxe dédié à Saint Michel ), tandis que le second est aménagé selon une salle voûtée en deux nefs parallèles, soutenue par une file de trois piliers. Cette salle haute est défendue par de nombreuses archères sous niche. La circulation entre ces espaces est fait au moyen d’un escalier aménagé dans le mur est de la tour. La plateforme de couronnement est gagnée au moyen d’un autre escalier accolé au mur est et perçant le berceau du second niveau.

Sous le sol de la chapelle, il faut signaler l’existence d’une citerne de 16m sur 16m, ainsi que la présence de souterrains auxquels ont accédait jadis par une niche au sud de la chapelle, aujourd’hui bouchée.

De l’enceinte qui défendait jadis le bourg castral, on ne retrouve que quelques éléments épars fondus dans les habitations de la ville moderne qui s’est développée autour de la tour maitresse. A noter, à l’est du site, l’existence d’un ouvrage appelé Qasr Bent el-Malik ( « la tour de la fille du roi », peut-être une œuvre contemporaine de Saint-Louis alors que celui-ci résidait en Terre Sainte… ), aujourd’hui fortement ruiné, qui défendait l’entrée de la première enceinte et possédait une grand salle voûtées d’ogives.

Véritable vigie sur la campagne environnante, elle est en intervisibilité directe avec de nombreuses petites tours maitresses : citons par exemple qalaat Umm Hosh, burj Bjemasch, burj Zara ou encore la tour de Tokle. Par temps clair, on aperçoit même, depuis la terrasse du donjon le Crac des Chevaliers ainsi que la ville de Tartous.